Comment les transports vont-ils révolutionner la mobilité ?
De l’invention de la roue à la conquête spatiale, l’Homme n’a cessé d’user de son ingéniosité pour se déplacer toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus vite. Les défis d’aujourd’hui sont inédits. Les transports de biens et de personnes représentent à eux seuls près de 25 % des émissions de CO2 mondial. Il y a urgence à sortir du tout pétrole, une ressource qui se raréfie et dont le prix est trop dépendant de facteurs géopolitiques. Une chose est certaine : nous ne nous déplacerons plus dans cinquante ans comme nous le faisons en 2019. L’intelligence artificielle, la performance croissante des batteries, la géolocalisation, la 5G, mais aussi nos changements profonds de mode de vie vont bouleverser le secteur des transports.
Du tourisme dans l’espace ?
Le tourisme spatial est déjà une réalité depuis près de 20 ans. Grâce aux séjours en orbite dans la station spatiale internationale organisés par la Russie, les touristes les plus fortunés peuvent déjà observer la planète bleue depuis l’Espace. Plus récemment, des entreprises privées comme Blue Origin et Virgin Galactic, se sont lancées dans la course aux voyages spatiaux.
L’enjeu est le même que celui de l’aviation à ses débuts: la réduction des coûts pour rendre l’expérience accessible au plus grand nombre. La création de lanceurs réutilisables par SpaceX, une entreprise du milliardaire Elon Musk, est un pas de géant dans cette course aux économies.
On pourrait également imaginer utiliser ces technologies pour rejoindre deux points très éloignés de la Terre en passant par l’espace. Seul bémol : chaque lancement de fusée dégage une quantité astronomique de CO2. Pas sûr donc qu’une démocratisation des vols spatiaux soit si bonne pour la planète.
Si agences spatiales et entreprises privées rêvent de coloniser la Lune puis Mars dans les années à venir, l’objectif serait avant tout scientifique et économique. Il n’est pour le moment pas question d’installer un Club Med sur une autre planète.
Vers la fin de l’avion ?
L’urgence écologique change nos habitudes, notamment celles des plus jeunes. Suivant l’exemple de Greta Thunberg, beaucoup ont même développé une honte de prendre l’avion. Au Pays-Bas, la ligne Amsterdam Bruxelles, jugée trop polluante par rapport au train, a été fermée.
Malgré ce mouvement anti-avion, très européen, il est pourtant peu probable que le trafic aérien diminue dans les années à venir. Selon les projections de l’Organisation internationale de l’aviation civile, le nombre de passagers devrait presque doubler pour atteindre six milliards en 2030 ! Des solutions écologiques sont à l’étude, à l’image du projet Solar Impulse, un avion totalement solaire qui a réussi en 2016 un tour du monde en totale autonomie énergétique et sans aucune émission directe de CO2. Mais il est pour l’instant difficilement imaginable d’appliquer ces technologies à du transport de masse.
Parallèlement, des efforts sont faits pour tenter de réduire les émissions de CO2 et autres polluants émis par l’aviation, notamment en réduisant leur masse, leur vitesse, ou encore en modifiant leurs carburants ou leurs trajectoires de vols.
Une alternative pourrait néanmoins venir se substituer à l’avion pour les longs trajets. Il s’agit de trains à très (très très) grande vitesse. Le projet d’Hyperloop, un train se déplaçant dans un tube sous vide développé par Elon Musk depuis 2013, pourrait par exemple, s’il voit le jour, relier les villes de Los Angeles et San Francisco en moins de 30 minutes, soit une vitesse dépassant les 1000km/h. Si cette technologie se développait à grande échelle, elle pourrait permettre de rejoindre l’Asie depuis l’Europe en une seule journée de train !
En ville, la fin des parkings ?
Autre innovation qui devrait révolutionner à jamais nos déplacements est bien entendu la conduite autonome. Les géants des nouvelles technologies sont sur les starting-blocks en attendant les possibilités légales de démocratiser cette technologie : Apple, Google, Tesla et même Uber, laissant présager que l’entreprise voudrait se passer de ses chauffeurs à terme.
Le développement de la voiture autonome est l’occasion de réinventer notre manière d’occuper nos temps de transport, en travaillant, en prenant nos repas, en dormant, en nous divertissant… De plus utilisable par plusieurs personnes dans la même journée et capable de se garer seule et loin du lieu de dépose de son passager, elle sonnera peut-être la fin du parking en ville
Certains ont même imaginé des solutions innovantes impliquant des véhicules autonomes pour désengorger la ville. C’est le cas par exemple du projet CarTube, qui voudrait créer un réseau sous-terrain de transport de masse de véhicules autonomes afin de rendre Londres aux piétons.
L’entreprise Uber, qui teste déjà un service de transfert par hélicoptère, a quant à elle présenté au dernier CES de Las Vegas son premier taxi drone autonome qui pourrait bien faire son apparition dans nos villes un jour.
Une meilleure inter-modularité
La révolution de la mobilité a déjà débuté en ville, avec l’arrivée d’Uber et de ses concurrents, mais aussi avec l’explosion des véhicules électriques personnels ou en libre-service (trottinettes, vélos, scooters…) qui ont vite détrôné le modèle déjà dépassé des Vélibs et Autolibs attachés à leur borne.
Hors des centres-villes aussi, la connectivité se met au service de l’usager. Le covoiturage et de la location de voitures entre particuliers. La France du Le Bon Coin devient aussi la France de BlaBlaCar et de Drivy.
L’enjeu pour pérenniser et connecter tous ces modes de transports est de permettre la combinaison de leurs utilisations. De plus en plus en matière de transports, l’usage prime sur la possession d’un véhicule personnel. La tendance est à l’utilisation de multiples modes de transports différents avec une facturation au kilomètre ou à la minute.
Enfin, il est à parier que dans le futur, nous nous déplacerons moins. La métropolisation, le développement du e-commerce, les nouveaux modes de livraison (notamment la livraison par drones développée par Amazon) ou encore la généralisation du télétravail nous permettront de nous passer de nombreux déplacements quotidiens contraints, nous permettant de réserver notre «enveloppe transports» à des déplacements choisis, pour rendre visite à notre famille, aller au restaurant avec les amis ou partir en vacances.