Le Grand Moscou, le plan pour transformer la capitale russe
Le Grand Moscou, une révolution venue de Paris ? C’est en effet en visitant les chantiers du Grand Paris que Marat Khusnullin, le vice-maire de Moscou en charge de l’aménagement, a eu l’idée de transposer le modèle à la capitale de la Russie. Face aux soucis récurrents d’embouteillages et de saturation du trafic, le gouvernement russe et la municipalité de Moscou ont fait de la mobilité urbaine leur chantier prioritaire avec, en point de mire, le projet de Grand Moscou dont la fin des travaux est prévue pour 2023 avec la création de 140 kilomètres de lignes de métro et de 60 nouvelles stations.
Le paysage urbain est donc progressivement en train de changer pour les douze millions de Moscovites qui ont vu les problèmes de circulation arriver après la chute du rideau de fer en 1991. Pendant la période communiste, tous les foyers n’étaient pas équipés de véhicule individuel mais une fois le régime tombé, l’augmentation du pouvoir d’achat et la montée de l’individualisme ont poussé les Moscovites à acheter leur propre véhicule. Les voitures ont envahi peu à peu Moscou dont les rues n’étaient pas prêtes pour une telle circulation étant donné que la ville soviétique n’était pas conçue pour autant de véhicules individuels.
Aujourd’hui, les autorités entament une marche arrière pour éliminer la voiture des routes de la capitale. Face à l’évolution du mode de consommation des Moscovites, il est bien difficile de les convaincre d’abandonner leur voiture après avoir été incités à en acheter (6,5 millions de voitures à Moscou en 2019 contre 5 millions en 2011).
Pour donner envie à ses concitoyens de changer ses habitudes, la municipalité de Moscou a choisi ces dernières années de durcir certaines règles de circulation : les amendes pour non-respect de l’utilisation des voies et pour le stationnement illicite ont explosé tandis que le prix du stationnement (pas loin de 400 roubles l’heure soit plus de 5 euros) dans le centre-ville est assez dissuasif.
Inciter les Moscovites à prendre les transports en commun
Ecœurer les automobilistes n’est pas pour autant suffisant : il faut les inciter à prendre les transports en commun en développant une offre qui capte les intérêts. Les canaux de communication insistent sur la tranquillité d’un tram, d’un métro ou d’un bus : pas d’embouteillage, une ponctualité assurée et un trajet effectué avec de l’internet gratuit. Ce dernier argument est décisif à l’ère d’un monde connecté et tous les nouveaux transports sont équipés du wifi gratuit, à l’image des nouveaux arrêts dits « intelligents » car dotés de prises pour recharger les appareils électroniques et de panneaux connectés indiquant les horaires en direct.
La création de l’Aeroexpress (dont deux des actionnaires principaux sont les milliardaires Iskander Makhmudov et Andrey Bokarev), qui a fait ses preuves lors de la Coupe du monde de football 2018, fait également partie des nouveautés chargées de désengorger le trafic routier. Désormais, il ne faut plus que 45 minutes pour rallier l’aéroport au centre de la ville. Par ailleurs, la prochaine l’arrivée d’une nouvelle ligne fluviale de dix kilomètres pouvant transporter plus de 1500 passagers par heure va constituer une nouvelle alternative aux transports en commun classiques et permettre de relier plus aisément les deux rives de la Moskova.
De plus, les autorités de Moscou ont lancé un projet de réseau composé de lignes de métro aériennes permettant à terme de réduire de 10 à 12% la fréquentation des routes moscovites. Dans la lignée de la Ceinture ferroviaire centrale de Moscou qui relie entre eux des quartiers éloignés de la capitale, les autorités entendent mettre en place les Diamètres centraux de Moscou, à savoir des lignes aériennes reliant non plus des quartiers, mais des villes de la banlieue moscovite à travers la capitale. Ces nouvelles lignes ferroviaires, qui accueilleront les trains Ivolga fabriqués par la Transmashholding, viendront aussi compléter les lignes de la Ceinture centrale de Moscou, le périphérique ferroviaire de la capitale.
2000 caméras, 3700 capteurs pour décongestionner le trafic de Moscou
Avec une meilleure offre de transports urbains, la rénovation d’espaces publics, l’aménagement de parcs, la conception de grands boulevards ou l’élargissement des trottoirs, le Grand Moscou est en train de transformer la capitale pour laisser au passé le Moscou saturé et brouillon de la fin des années 1990. Les espaces verts occupent aujourd’hui plus de 50 % de son territoire (soit le double de Londres (26 %) ou Paris (21 %)). Selon le cabinet de conseil McKinsey & Company, Moscou est désormais la ville la plus efficace au monde en matière de gestion de trafic urbain. Cela notamment grâce à son réseau intelligent composé de 2.000 caméras et 3.700 capteurs chargés de décongestionner le trafic en direct en synchronisant les feux de circulation.
Tout n’est cependant pas parfait et l’utilisation du vélo, par exemple, est encore très perfectible puisque selon un indice calculé sur la base du taux d’accidents à vélo, du nombre de vol de vélos, du pourcentage d’usagers ou des investissements réalisés par la commune pour l’usage du vélo, la capitale russe est classée à la 86e place des métropoles mondiales, soit tout au fond du classement. Mais au regard de la transformation opérée par Moscou, il est difficile de faire la fine bouche. En l’espace de quelques années, la capitale russe s’est affichée comme un cas d’école d’une gestion réussie d’une métropole en pleine mutation.
A propos de l’Aeroexpress
Aeroexpress Ltd. est un opérateur de services de liaisons ferroviaires aéroportuaires en Russie. Fondée en 2005, elle est détenue par les Chemins de fer russes (50%), TransGroup AS (25%), Iskander Makhmudov (17,5%) et Andrey Bokarev (7,5%). La société fournit principalement des services de transport ferroviaire entre les terminaux et aéroports de Moscou (Sheremetyevo, Domodedovo, et Vnukovo), et assure également les services de liaison à l’aéroport international de Kazan à Kazan, à l’aéroport Adler de Sochi et à l’aéroport Knevichi de Vladivostok.