La Smart Water optimisation très « tech » des réseaux d’eau
Les nouvelles technologies au service d’une meilleure gestion de l’eau ? Télérelevé des compteurs, gestion des flux en temps réel, traitement des données et gestion du système depuis des centrales dont la ressemblance avec les tours de contrôles aéroportuaires est frappante… les dispositifs dits Smart Water se multiplient ces dernières années, « une révolution » selon le Directeur général adjoint de Suez Environnement. Explications.
« Eau intelligente » ou comment optimiser la gestion de l’eau
En quoi consiste la Smart Water ? Il s’agit de la gestion en temps réel par un centre de contrôle de l’ensemble du réseau d’eau d’une ville, depuis les usines de traitement au client final en passant par le réseau de distribution.
Grâce au développement des compteurs « intelligents » équipés de la télérelève et des capteurs mesurant le débit et la qualité de l’eau distribuée, les professionnels de l’eau disposent en temps réel de données sur l’état du réseau ce qui permet de détecter immédiatement les disfonctionnements (fuite, pollution de l’eau) et de leur apporter rapidement une solution adaptée.
Une fois l’ensemble des données collecté, l’enjeu est de pouvoir les traiter: elles sont acheminées vers un centre de contrôle qui peut ‘piloter’ le réseau, cartographié sur un support électronique de type tableau de bord ce qui en facilite la visualisation. Les images rappellent celles des centres de contrôle aéroportuaires ou ferroviaires qui disposent d’une carte en temps réel de l’état du trafic. Une innovation de taille dans le secteur de l’eau qui implique d’avoir des logiciels à la pointe capables de modéliser les réseaux d’eau de manière adéquate et fonctionnelle pour que les ingénieurs puissent intervenir de manière optimale.
Les nouvelles technologies de l’information sont donc au cœur des dispositifs d’eau intelligente, et permettent de révolutionner la gestion de l’eau dans les centres urbains.
Un marché à fort potentiel
La Smart Water est un marché très prometteur avec un potentiel de croissance mondiale de 14 % entre 2013 et 2018 (de 3,6 à 9,6 milliards d’euros). Plusieurs entreprises ont senti qu’il pourrait s’agir d’un marché très juteux et ont décidé de se lancer dans ce secteur.
Une des sociétés pionnières de la Smart Water est la SSII israélienne TaKaDu créée en 2009 qui a d’abord été la seule à opérer dans ce secteur révolutionnaire. Les algorithmes de la société permettent de détecter en temps réel les anomalies de consommation chez les particuliers et de proposer des interventions pour réparer les fuites ou corriger les dysfonctionnements. Le business modèle de la société est fondé sur une redevance mensuelle payée par les clients pendant une année ou plusieurs si le consommateur est satisfait du service. L’entreprise a réussi à obtenir des contrats au Brésil, en Australie et plusieurs pays européens.
Toutefois la SSII n’est pas restée longtemps seule à opérer dans le domaine de l’eau intelligente : rapidement les grands noms de l’industrie ont investi ce marché qu’ils ont estimé pouvoir être très lucratif. Suez Environnement avec sa filière Ondeo, Veolia ou encore Schneider Electric veulent tous une part gâteau. Suez tente de se tailler la part du lion sur le marché français, mettant en avant son savoir-faire « d’opérateur d’eau de plus de 100 ans » et sa puissance industrielle pour déployer les réseaux Smart Water. Schneider Electric a mis en place Wonderare, un logiciel de gestion de l’eau qui permet de suivre l’ensemble du réseau d’eau depuis un tableau de bord qui relaye les informations émanant des équipements connectés. Le groupe table sur le développement des régis publies comme Eau de Paris qui auront besoin de tels logiciels dans les prochaines années. Veolia de son côté s’est alliée en 2014 à IBM, et les entreprises ont développé conjointement deux plateformes de Smart Water à Lyon et à Tidworth au Royaume-Uni.
France : pionnière en Smart Water
Avec la présence de grands groupes spécialisés dans la gestion des ressources en eau et un équipement croissant en compteurs équipés de la télérelève, le marché français est à la pointe de « l’eau intelligente ».
Quelques mois après le lancement de la SSII TaKaDu, Suez Environnement, qui compte 1,2 millions de compteurs équipés en Europe dont 800 000 en France, a créé sa filiale Ondeo Systems dédiée aux systèmes intelligents de gestion de l’eau et à la télérelève des compteurs. Possédant ses propres serveurs, Ondeo a mis en place Aquadvanced qui offre des solutions d’optimisation des réseaux de distribution d’eau potable et Influx pour la gestion des systèmes d’assainissements. Et pour traiter plus efficacement l’ensemble des données collectées, les nouveaux centres Visio mis en place depuis 2014 permettent de piloter en temps réel les systèmes de traitement et de distribution de l’eau. Ces centres doivent à terme être établis dans les 15 entreprises régionales Suez Eau France pour couvrir l’ensemble du territoire français.
Schneider Electric n’est pas en reste puisque les logiciels développés en matière de gestion de l’eau s’adressent également à des entreprises comme Suez et sont déjà implantés dans le sud de la France. Comptant plus de 1,6 millions de compteurs connectés en France et 2,6 millions en Europe, le géant industriel a même accès à un parc de données plus important que celui de Suez.
Enfin le groupe Saur, troisième acteur français du secteur de l’eau, a depuis quelques années déployées ses propres centres de pilotage opérationnels et son expertise reconnue lui a valu des partenariats intéressants avec l’Arabie saoudite.
Nouvelles technologies, grands groupes industriels, réseaux d’assainissement et de traitement connectés… « l’eau intelligente » a décidemment tout pour réussir et couler des jours heureux.