Quels critères pour déterminer qu’une ville est agréable à vivre ?
Paris a été élue la deuxième plus belle ville du monde. Pourtant, la capitale française ne recueille que 10% des votes quand il s’agit d’élire les villes idéales de France. Quels sont réellement les atouts d’une ville dans laquelle il fait bon vivre ?
Des espaces verts aux cinémas en passant par les équipements mis en place pour les personnes handicapées au gaspillage des ressources…tout est bon pour classer les villes en fonction de leur « habitabilité ». Résultat : des villes telles que Rennes, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Grenoble ou Nantes arrivent en bonne position. Mais « l’habitabilité » ne repose pas seulement sur une bonne gestion de la ville ou un plan de développement urbain respecté. La douceur du cadre de vie, la météo clémente ainsi que les activités culturelles disponibles occupent en effet une place de choix dans la définition des villes où il fait bon vivre.
Le lien entre bonheur et urbanisme
Des chercheurs prennent la question du bonheur très au sérieux. Aux États-Unis, certains d’entre eux ont même créé des applications mobiles pour créer des cartes du bonheur. Cela permet de mieux comprendre les critères auxquels les personnes tiennent pour évaluer leur bonheur.
L’urbanisme est devenu un critère de choix pour estimer la qualité de vie qui contribue au sentiment de bonheur. En effet, l’architecture et l’environnement urbain participent à la réalisation d’une vie plus saine. Ainsi les urbanistes aménagent des espaces attractifs, des parcs et des jardins ainsi que des aménagements piétonniers et cyclables favorisant la pratique notamment les activités physiques, un facteur important pour les citadins. Ainsi, avec leurs vastes espaces aménagés, ce sont les villes australiennes et canadiennes qui occupent les premières places dans le classement des villes les plus agréables à vivre.
Des bâtiments « sains »
Les habitants d’une ville occidentale passent en moyenne 90% de leur vie à l’intérieur d’un bâtiment. Ainsi, si l’aménagement des espaces urbains compte parmi les critères de bien-être, les bâtiments également peuvent être plus sains.
Or, la plupart du temps, les zones péri-urbaines connaissent un phénomène de mauvaise implantation des bâtiments : insalubrité, matériaux toxiques… Cet urbanisme défaillant amplifie le sentiment de malaise qui, associé à d’autres problèmes sociaux, peuvent être à l’origine d’une sensation d’exclusion.
L’urbanisme a également un impact direct sur la qualité de l’alimentation et donc notre bonheur (1). En effet, les architectes participent du renouveau de la culture culinaire grâce à une bonne conception des bâtiments. Ainsi, les cuisines peuvent ainsi devenir des laboratoires culinaires, des potagers d’intérieur, voire même cultivés sur les toits des villes. Ce type d’initiative modifie l’environnement urbain, ce qui a un impact direct sur la relation des habitants à leur alimentation.
Qu’est-ce que la ville idéale ?
Aujourd’hui, plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans des villes, et ce chiffre ne cesse de croître. Ces dernières favorisent la concentration d’habitants dans un espace réduit et il a fallu attendre le XIXème siècle avant que la notion d’urbanisme social ne se développe. L’un de ses plus grands ambassadeurs était Le Corbusier. Pour lui, l’architecture idéale repose sur « le soleil, l’espace, les arbres, l’acier, le ciment dans cet ordre et dans cette hiérarchie ».
Remettant la nature et la relation que l’homme entretient avec elle au centre de son art, Le Corbusier a voulu favoriser l’épanouissement des citadins. Habiter, travailler, se divertir et circuler sont les quatre grands axes autour desquels l’architecte a articulé ses œuvres.
Alors que le développement durable est aujourd’hui au centre des préoccupations des urbanistes, l’architecture s’oriente vers une réflexion autour du respect des ressources énergétiques. Les questions écologiques et environnementales sont désormais encadrées et encouragées, afin de créer des villes dites « intelligentes » pour favoriser le bien-être des citadins.
L’architecture intelligente
Avec ses milliers de capteurs et ses bâtiments connectés, l’architecture intelligente est en plein essor. À long terme, cette nouvelle vision de l’urbanisme permettrait à une ville de s’autogérer, sans intervention humaine.
Le paradoxe est de taille. Alors que l’urbanisme cherche à promouvoir le bien-être des citadins, il semble aujourd’hui que la ville idéale soit celle où l’homme est exclu de l’équation. On peut également craindre qu’une ville dite intelligente ne laisse ceux qui bénéficient d’aucune éducation numérique sur le bord du chemin. En constante évolution, le développement de la ville reste encore source de peurs, mais également d’inspirations.
(1) Selon les experts, le bonheur est notamment lié à la qualité de notre alimentation. Source d’acides aminés, qui fabriquent la sérotonine et la dopamine – couramment appelées « les hormones du bonheur » -, une alimentation saine stimule l’humeur et le système de gratification du cerveau humain, résultant en ce sentiment de bien-être.