Logements étudiants : des nouvelles solutions
Trouver un appartement quand on est étudiants sans un sou en poche n’est pas une sinécure : 3 solutions atypiques pour éviter la galère.
Le 3 septembre 2013, dans une rue commerçante de Münster en Allemagne, un étudiant emménage dans un nouvel appartement bien curieux : la vitrine d’un grand magasin. Exposé à la vue de tous, le jeune homme rêvasse en pantoufles, gratte quelques accords de guitare puis potasse ses bouquins de philo sans le moindre complexe. Bien sûr, rien de tout ça n’est réel. Fabien Sauer ne restera que 48 heures sous son nouveau toit mais par son action, il souhaite interpeller les propriétaires d’appartements vides, et mettre en lumière un sujet délicat : celui du logement étudiant.
Le Havre et les étudiants du dock
Depuis Septembre 2010, une centaine d’étudiants du Havre vivent dans des conteneurs, une idée insolite arrivée de Hollande. Après avoir séduit l’Allemagne, l’Australie et le Canada, la municipalité de la ville portuaire s’est intéressé au concept. La Cité A Docks est un entre-deux. Il se dégage des rues tantôt un air de charmant quartier pavillonnaire, tantôt de zone de stockage portuaire. A l’intérieur des conteneurs, ni poissons frais, ni charbon mais belle et bien des studios aussi confortables que surprenants : 25m², salle de bain et cuisine indépendante, petit balcon, rien ne manque. Même le loyer est raisonnable : 305€ tout inclus.
Destiné aux étudiants comme aux jeunes travailleurs, ce logement affilié au CROUS présente néanmoins quelques inconvénients. Tout d’abord, comme toutes cités Universitaires, il est soumis à des règles de vie très strictes : horaires, visites… D’autre part, la demande se bouscule au portillon mais l’offre n’est pas grande. Obtenir une place n’est pas facile.
Avec un peu moins de 170 000 chambres en France, Le CROUS ne loge aujourd’hui que 11% des étudiants du pays, parfois dans des conditions indécentes. Pour les autres, il faut alors se tourner sur le secteur privé et les propriétaires pas très ouverts aux étudiants sans un sou en poche.
Quand l’Etat donne sa CLE
Il s’agissait d’une promesse électorale du candidat François Hollande, c’est aujourd’hui une loi. Le 8 septembre dernier, la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieure, Geneviève Fioraso, a officiellement présenté son projet. Inspirée d’un dispositif en place depuis 2006 en Aquitaine, l’idée fut testée dans 4 régions l’année dernière. Dorénavant, elle s’est généralisée sur l’ensemble du territoire.
La Caution Locative Etudiante (appelée la CLE) est destinée aux étudiants désireux de louer un appartement mais incapable de présenter une caution. L’Etat se propose alors comme garant. Concrètement, la CLE couvre des loyers d’un montant maximum de 500€ par personne en province et de 700€ à Paris. En échange, l’étudiant s’engage à cotiser chaque mois 1,5% de son loyer.
«La difficulté de l’accès au logement ne doit pas être un obstacle à la poursuite d’études et à la réussite des étudiants» justifie la secrétaire d’Etat. Cette aide est valable pour tous types de logements, privés comme publique.
Mon coloc a 75 ans
Enfin, il y a la collocation, mode de logement préféré des étudiants pour des raisons aussi bien sociales que financières. Mais depuis quelques années, un nouveau concept à la fois solidaire et économique est apparu dans la branche: partager l’appartement d’une personne âgée, et ne rien payer !
En France, elles sont des centaines d’associations réunies sous un réseau commun : le COSI (Cohabitation Solidaire Intergénérationnelle). Le fonctionnement est simple : l’étudiant est hébergé dans l’appartement d’une personne âgée. En échange, il s’engage à accomplir un certain nombre de tâches quotidiennes : courses, ménage, poubelles, cuisine mais surtout tenir compagnie au senior. En fonction des engagements et des demandes de chacun, un loyer est évalué, gratuit en cas de présence très régulière.
Une charte nommée ‘‘Un toit, deux générations’’ a été spécialement rédigée par le ministère des Solidarités, de la Santé et de la Famille. Une fois le document signé et une cotisation annuelle payée à l’association (entre 20 et 300 euros), c’est le début d’une aventure humaine exceptionnelle, mais souvent contraignante : présence obligatoire le soir, difficulté de recevoir des amis…
La population étudiante grandit chaque année. En 2013, dans les amphithéâtres français, ils étaient 2,39 millions de jeunes, soit une augmentation de 1,5% par rapport à 2011. Un record pour le pays qui a désespérément besoin de leur construire des toits lorsque Le CROUS de Paris propose 5800 logements pour plus de 180 000 étudiants !