Olivier Catté peintre des cités en carton
Olivier Catté a choisit pour s’exprimer, le plus commun des matériaux : le carton d’emballage. Si son œuvre se résumait à cette nouveauté, elle ne serait guère plus qu’une aimable curiosité. Or le travail de l’artiste affiche de plus hautes ambitions. Comme le Baudelaire des « petits poèmes en prose », Olivier Catté se veut explorateur de la ville et témoin sans indulgence d’un monde qui se nourrit à part égale de beauté et de laideur.
Découvrir une « toile » d’Olivier Catté, c’est se trouver face à un travail en trompe l’œil. De loin, on pourrait se croire devant le cliché d’une ville en noir et blanc, aux contrastes saturés. De près, on découvre un travail sur du carton, fait de grattage, de déchirure, de peinture, dont l’effet final est celui d’une architecture.
Sur les traces de César
Utilisant, un matériel de rebus- le carton -, Olivier Catté l’ennoblit en l’élevant au statut d’œuvre à part entière. Ce faisant, il poursuit, à sa manière, le travail des Ben, César, Arman de l’école de Nice. On se souvient que ces artistes parcouraient la ville, de préférence les faubourgs et les zones industrielles, pour trouver dans les rejets de la société de consommation, supports à leurs créations. Olivier Catté s’inscrit de même dans la démarche initié par « l’arte povera » italien, qui en utilisant des matériaux pauvres, entendaient donner un sens à des objets insignifiants.
Olivier Catté est né au Petit Quevilly, près de Rouen, en 1957. Il poursuit ses études de plasticien à l’institut d’art visuel d’Orléans et à l’école des beaux-arts de Pau. En, 1981, il obtient un diplôme d’expression plastique. C’est dans la rue qu’il initie son aventure d’artiste en se confrontant à l’art urbain. En 1999, il découvre New-York. Ce sera pour lui une révélation, l’évènement clé à partir duquel son travail va trouver sa vraie mesure.
La révélation New-York
La cité de Manhattan, du Bronx, de Cosney Island, exerce sur l’artiste un mouvement de fascination – répulsion. Fascination pour son gigantisme, pour son énergie, pour sa structure répétitive en blocks. Répulsion pour tout ce que la mégapole draine de violence, de misère et d’infinie solitude. C’est un monde où la beauté semble naître de l’écrasement de l’individu.
Pour exprimer cette attirance contrariée, Olivier Catté va se tourner vers une matière qui symbolise à la fois ce qui séduit et ce qui repousse : le carton. C’est l’emballage des objets de notre convoitise et l’abri de fortune des nouveaux misérables de la ville. En un geste paradoxal, où la création commence par la destruction, le grattage et le découpage, Olivier Catté va transformer l’empire du béton en un château de carton.
Le reflet des vanités
Depuis cette rencontre new-yorkaise, l’inspiration d’Olivier Catté continue d’interroger la ville et de modeler le carton. Ce travail évolue vers des lignes de plus en plus épurées. A travers les trois expositions qu’il a livré à la galerie parisienne Lazarew – NY Cartons en 2011, Interfaces en 2012, Cityscapes en 2013 – Olivier Catté nous invite à découvrir une représentation de la ville toujours plus abstraite. D’abord saisie sous un angle frontal – les façades apparaissaient de face – l’univers urbain est peu à peu retranscrit à la manière d’une vue aérienne. Les formes délaissent une approche réaliste pour évoquer des espaces imaginaires.
Cette approche permet de mieux rendre compte de la duplicité de l’espace urbain. Vu du ciel, on l’embrasse d’un seul regard et on en admire les courbes, comme pour un beau visage. Mais dès que l’on approche, on s’enfonce immanquablement dans ses artères et on finit par se perdre dans ses impasses. En utilisant le plus humble des matériaux, Olivier Catté témoigne du plus profond du mystère de la ville. Univers où se rejoignent la plus haute créativité des hommes et l’immensité de leur vanité !