Voulez-vous de la ville 2.0?
Nos sociétés urbaines subissent, depuis la fin des années 90, une révolution profonde, quasi-silencieuse de son mode de fonctionnement. En effet, à l’ère du numérique, les urbains voient leur mode de vie profondément transformé par l’hyper numérisation de leur quotidien.
L’hyperconnexion des urbains
Les urbains sont aujourd’hui connectés en permanence. Ils ne sont plus seulement une présence physique dans une ville de pierres, ils sont désormais une signature électronique dans une ville 2.0.
Dans notre nouvelle société, nous sommes en permanence en train d’utiliser les nouvelles technologies pour interagir dans la ville. Pour nous déplacer, nous faisons appel à des applications comme Mappy ou Google Maps afin d’aller plus rapidement d’un point A à un point B. Pour nous restaurer, nous consultons au préalable sur internet les critiques des restaurants (La Fourchette, TripAdvisor, Qype,…).
Nos villes ne sont plus simplement des alignements de bâtiments, nous leur avons donné une hyper-réalité en ajoutant aux flux dans nos cités des flux numériques. Ainsi, une masse d’information considérable recouvre nos villes, ses habitants, ses lieux de vie. Il n’est plus un lieu au sein de nos villes qui ne soit ignoré par les réseaux virtuels que nous avons tissés en moins de 30 ans.
Un quotidien simplifié
Si les conséquences physiques de l’avancée des nouvelles technologies reste limitées au regard de ce que la révolution industrielle a pu apporter, les conséquences en termes de comportements vont profondément influencer la façon dont les urbains agissent en ville.
Avec un accès à l’information généralisé et facilité, il y a fort à parier que de nombreux éléments de notre vie quotidienne vont changer. Il devient de plus en plus difficile de se tromper de bus ou de métro, pour peu que l’utilisateur vérifie son itinéraire grâce aux applications dédiées. De même, une personne désirant acheter quelque chose ne devrait plus se retrouver devant un magasin fermé si elle a au préalable vérifié les horaires d’ouverture des magasins grâce à des sites comme les-horaires ou Pubeco.
Notre quotidien est ainsi simplifié, l’Homme urbain a lui-même modifié ses comportements en s’imposant de nouvelles technologies.
Comment les villes peuvent en tirer profit ?
Cette hyper-réalité peut permettre aux collectivités d’améliorer les services proposés à leurs administrés. Par exemple, il est possible de mesurer en temps réel la densité de téléphones cellulaires dans une ville, et ainsi d’adapter les transports publics ou bien la présence de forces de l’ordre par rapport à la situation donnée.
Au fur et à mesure que les technologies avancent, les villes s’en emparent afin de mieux s’organiser et de fluidifier leur fonctionnement.
Cela exige toutefois un suivi des individus au sein des territoires et la plupart du temps, à leur insu.
La triste réalité de notre hyper-réalité
A l’heure où sont écrites ces quelques lignes, la communauté internationale vient de découvrir avec effroi l’existence de Prism, le programme permettant au renseignement américain d’accéder aux informations numériques personnelles de personnes jugées suspectes à condition qu’elles résident hors du territoire nord-américain.
Dans ce contexte, comment ne pas penser aux dérives que nos villes 2.0 peuvent engendrer ? Comment ne pas penser à l’avertissement que Georges Orwell nous avait donné dès 1949 lorsqu’il publia son roman 1984 ?
Si les utilisateurs ont accepté jusqu’à aujourd’hui de donner accès leurs informations personnelles, en échange de bénéfices individuels (l’utilisation d’application permettant de faciliter son quotidien), le pacte semble aujourd’hui rompu entre consommateurs et fournisseurs de services nouvelle génération.
Cela peut-il remettre en cause l’évolution de nos villes ? Rien n’est moins sûr, notre dépendance à la technologie est avérée. Le chat échaudé craint-il vraiment l’eau froide ?