Succès planétaire depuis sa mise en ligne le 15 juillet dernier, le titre « Gangnam Style » a obtenu le
titre de « la vidéo la plus regardée de tous les temps ». Presque 1.5 milliards de « vues » sur le site de
partage de vidéo, Youtube, aujourd’hui.

Son auteur, le Sud Coréen Psy, de son vrai nom Park Jae-Sang, prépare une nouvelle sortie d’album
pour avril, et espère bien réitérer ces exploits. Son prochain single sera interprété et retransmis en
direct sur Youtube, forcément, le 13 avril. Le nombre de vues devrait exploser et laisser à son album,
peut-être, la chance d’obtenir un succès international en termes de vente, et pas seulement de vues.

Si Psy faisait figure de parfait inconnu pour l’Occident, et bénéficiait donc de l’atout séduction
de la nouveauté, il est prophète du divertissement en son pays. Chanteur de variété, comique,
présentateur, imitateur des « Soap Opéra » à la coréenne, Psy adore également se travestir et imiter
les plus niaises des chanteuses de son pays.
Depuis les années 2000, il est surnommé le « Chanteur Bizarre » en raison de son apparence très peu conventionnelle, ses danses pour le moins déroutantes et ses paroles crues. 1 Ses titres ont régulièrement été censurés ou interdits à la vente aux plus jeunes, et en 2010 il a obtenu le titre du chanteur le plus outrageant vis-à-vis de la charte de la Musique coréenne, en réalité la censure des bonnes mœurs.

Premier Coréen du Sud à démarrer une carrière internationale

C’est pourtant un habitué des récompenses musicales en Asie, qu’il gagne comme interprète mais aussi comme écrivain / compositeur : en 2002 il obtient le Séoul Music Award, puis en 2006 le SBS Music Award (l’équivalent de notre NRJ Muci Award), et commence à s’exporter : il obtient la même année le Hong Kong’s Mnet Asian Music Award. Son album en 2010 rafle lui aussi de nombreuses récompenses coréennes. Psy connait donc les ficelles du succès, et Gangnam Style en est l’illustration la plus évidente.

Il peut compter en premier lieu sur son personnage : sa tête patibulaire, son fier embonpoint, ses postures absurdes, sa capacité à incorporer de l’humour dans chacun de ses gestes. Le personnage va au bout de sa propre caricature, et cela le rend incontournable.

Ensuite, compositeur de ses propres chansons, il connait les rythmes « le bon son » capable de faire bouger, et la manière de rendre une chanson entêtante. Les ressorts d’un rap agressif, couplé avec un refrain accrocheur, des basses typiquement «dance floor », une chorégraphie amusante, qu’on peut apprendre par cœur grâce aux tutoriels youtube, et l’effet viral d’internet expliquent le succès fulgurant de Gangnam Style.

Réitérer l’exploit ne sera pas facile, et Psy en a conscience : le 7 Novembre, lors d’une conférence à Oxford au Royaume-Uni, il a admis qu’il sera difficile pour sa nouvelle chanson d’égaler le succès de « Gangnam Style ».

Composé à la fois de chansons en anglais et d’anciens titres déjà sortis en Corée du Sud, son nouvel pus devrait marquer les « débuts sur la scène internationale» selon Psy lui-même.

Nouvelle chanson controversée

Pourtant un titre fait déjà polémique, mais peut-être est-ce un effet recherché par son auteur : le titre « Assarabia ». Si « assarabia » est utilisé en argot Coréen pour désigner des « sensations fortes », il est évident que la traduction en anglais est très délicate : « ass » signifiant fesse et arabia, pouvant désigner le monde arabe. Un titre fort mal à propos et qui sera potentiellement interprétable comme une insulte par des millions de personnes.

Psy rétropédale et a promis de réécrire la chanson, dont le refrain pourrait porter à polémique, et
de trouver un nouveau titre, sans promiscuité terminologique avec une quelconque insulte. C’est
la rançon du succès : l’audience internationale à laquelle est promis le titre nécessite une certaine
prudence dans le langage utilisé par Psy.

Premier Coréen du Sud à démarrer une carrière internationale sur une scène musicale trustée par
les Américains, Psy aura besoin de toute sa diplomatie et de talent pour arriver à exister au-delà de
premier buzz !