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Valdeluz, ville fantôme de la crise Espagnole

Une ville fantôme

Terrains vagues, rues sans nom et parkings vides… A 60km au Nord de Madrid, Valdeluz ressemble à une ville fantôme ! Ici, la plupart des appartements restent vacants, les rues sont désertes et souvent fermées à la circulation. Des chantiers avortés et des carcasses de bâtiments occupent une partie de la ville, tels les vestiges d’une civilisation. Parfois, un immeuble se dresse au milieu de nul part, au milieu du silence.

Pourtant, des gens vivent ici. Dans ce paysage lunaire, quelques lumières scintillent dans la nuit. Si les boites aux lettres restent vides et dépourvues de nom, certains logements sont habités. En tout, 1 200 personnes résident à Valdeluz.

 « Cet endroit n’existe pas encore. »

A l’origine, Valdeluz devait être une ville moderne toute équipée, à 20 minutes en train de Madrid. La première pierre du chantier est posée en 2004, l’Espagne est alors en pleine frénésie immobilière. En moins de cinq ans, une ville toute neuve émergeait du sol/ sort de terre, destinée à accueillir 30 000 personnes. De luxueuses résidences avec piscine, de grands espaces verts, et de larges panneaux aux slogans ravageurs : « Une ville près de tout », « Une affaire en or », « Tout ce dont vous rêvez »… Valdeluz, une ville parfaite aux allures de séries américaines.

Les promoteurs s’en frottaient déjà les mains, ils avaient tout prévu… sauf la crise immobilière qui vint frapper l’Espagne de plein fouet, et marqua l’arrêt brutal des chantiers ! Pour les quelques 300 colons[1] à qui l’on avait promis monts et merveilles, le réveil fut brutal lui aussi.

L’école privée est restée inachevée, tout comme le grand centre commercial. Le centre de santé n’a jamais été construit, au profit d’un terrain vague. Les services de poste ne distribuent pas le courrier non plus, et les GPS ne localisent pas Valdeluz. Restent des blocs d’immeubles, des quartiers entiers inhabités. Pour certains, pas de voisin à plusieurs pâtés de maisons alentour. Et des trains qui filent à l’horizon sans jamais s’arrêter. En fait, Valdeluz ressemble à une ébauche non achevée, probablement celle d’une utopie immobilière ; « Cet endroit n’existe pas encore » commente une habitante.

Entre ville et village

Pas étonnant si à Valdeluz, les gens s’installent au compte goutte. Pourtant, cette ville a quelque chose de différent, une convivialité déconcertante. « La vie ici a quelque chose d’attachant », confie un résident. Il existe en effet une relation étroite entre habitants, comme si le vide révélait finalement un grand besoin d’humanité. Un système d’entraide est d’ailleurs  mis en place, notamment via le compte Facebook de la ville…

Un jour comparé à un « mauvais Sim City [2]», Valdeluz est une commune d’un genre nouveau, entre la ville et le village. Une chose est sûre, elle offre tranquillité, espace… et loyers à bas prix !


[1] Colons : première génération d’habitants qui se sont installés à Valdeluz

[2] Sim City : Jeu de stratégie consistant à construire, aménager et développer des villes