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Le Shangri-La et le Mandarin Oriental rejoignent la liste des Palaces parisiens

Le classement de ces deux hôtels dans la plus haute catégorie des établissements hôteliers symbolise le renouveau du luxe parisien. Le Shangri-La a en effet été inauguré à la fin de l’année 2010, et le Mandarin Oriental en juin 2011. Les prestations de ces deux hôtels sont conformes à la très haute idée du standing que se doit de proposer un palace. Mais sur quels critères repose l’attribution d’un tel prix, et pourquoi certains établissements tout aussi luxueux en sont-ils privés ?

Vue du rooftop du Shangri LA.

Vue du toit-terrasse du Shangri LA.

Qui sont donc ces deux nouveaux lauréats ? Le Shangri-La, situé dans le 16e arrondissement, au 10 avenue d’Iéna, est idéalement situé à deux pas du Trocadéro, et offre des vues imprenables sur la Tour Eiffel. Construit en 1899, ancien hôtel particulier de Roland Bonaparte, puis siège de la Société de géographie, le bâtiment est transformé après la Libération en bureaux, avant d’être acquis par le groupe asiatique Shangri-La Hotels and Resort en 2006. 65 chambres, 36 suites, 3 restaurants, dont deux étoilés Michelin, le lieu possède une âme propre à séduire le plus exigeant des voyageurs. Même ambiance feutrée au Mandarin Oriental Paris, aménagé dans un immeuble des années 1930 de la rue Saint-Honoré, qui abritait des bureaux de l’administration. D’abord locataire des murs, le groupe Jardine Matheson, basé à Hong-Kong, en a finalisé l’acquisition en février 2013, pour la somme de 290 millions d’euros. Les services proposés sont là aussi dignes des plus prestigieuses références mondiales en matière de luxe : spa de 900 m², restaurant deux étoiles au Guide Michelin dirigé par Thierry Marx, et une suite royale offrant une vue à 360 degrés sur la ville.

Un label récent

Vue aérienne du Mandarin Oriental.

Vue aérienne du Mandarin Oriental.

Ces deux établissements parisiens sont couronnés de l’attribution « Palace » en même temps que l’hôtel K2, à Courchevel. En tout, 16 hôtels de luxe peuvent actuellement s’enorgueillir de cette distinction. Créé en 2010 par le secrétaire d’État chargé du Tourisme Hervé Novelli, afin de s’aligner sur les critères internationaux, le label est délivré par l’agence de développement touristique Atout France aux hôteliers qui en font la demande. Fondé en 2009, cet opérateur de l’Etat a pour mission de promouvoir le tourisme, d’accroitre la compétitivité économique des acteurs du secteur, et d’adapter l’offre française aux demandes nationale et internationale. Certains critères sont à respecter : seuls les établissements classés cinq étoiles et ayant ouvert depuis plus de douze mois[vii] peuvent y prétendre. Les services offerts à la clientèle, la qualité des équipements, la pratique de plusieurs langues par le personnel, mais aussi la situation géographique, l’histoire et l’architecture du bâtiment rentrent en compte pour emporter la décision du jury, composé de dix personnes. Les critères à respecter, au nombre de 203, garantissent par leur rigueur l’excellence de l’établissement. Une fois le label obtenu, sa validité est de cinq ans.

La place des établissements de luxe dans le secteur hôtelier

Avant la mise en place de ce label, l’hôtellerie parisienne comptait, selon l’acceptation traditionnelle, sept palaces (le Meurice, le Bristol, le George V, le Crillon, le Fouquet’s Barrière, le Ritz et le Plaza Athénée). La création de ce classement, ainsi que l’arrivée de nouveaux acteurs a donc bouleversé le secteur, qui ne compte que 1,7% des chambres du parc de la capitale, mais qui sert de vitrine au luxe français. En plus des changements engendrés par le label « Palace », l’ouverture de nouveaux établissements, dont font partie le Shangri-La et le Mandarin Oriental, a contribué à « doper » l’offre : ainsi, en 2015, et alors que le Ritz et le Crillon rouvriront leurs portes après une longue période de rénovation, 2 147 chambres de très haut de gamme seront disponibles à Paris, soit une augmentation de 54,9% en quinze ans. Le secteur, malgré la crise internationale, se porte bien, et le taux moyen d’occupation en 2012 a dépassé les 75%. Devant une concurrence de plus en plus forte, de nombreux hôtels sont donc tentés de demander une reconnaissance officielle de leurs prestations.

Label contre reconnaissance tacite

Mais pourquoi certains établissement de grand luxe, qui pourraient prétendre au label, ont été évincés, ou refusent même de déposer leur dossier ? Parmi les critères en vigueur, le taux moyen d’occupation de l’hôtel, ainsi que son chiffre d’affaires sur plusieurs années sont pris en compte, fermant l’accès à des établissements pourtant reconnus. D’autres, tels que le groupe Lucien Barrière, propriétaire du Fouquet’s, refusent d’être candidats, estimant que la reconnaissance implicite de ses clients et de ses pairs suffit à qualifier son établissement de palace, sans avoir besoin d’une distinction officielle, et comme cela était le cas avant la création du label. Le prix des chambres peut à lui seul placer un établissement dans cette catégorie. En moyenne, les tarifs tournent aux alentours des 800 euros par nuit : une chambre pour deux personnes au Mandarin Oriental se négocie à partir de 745 euros ; au Shangri-La, à partir de 650 euros. Quant aux suites les plus luxueuses, les tarifs peuvent dépasser les 15 000 euros. Le prix de l’excellence.