Jean Nouvel

Jean Nouvel et le NAMOC : un poids lourd de l’architecture pour le futur plus grand musée d’Asie

Jean Nouvel, architecte français de renom, sera le concepteur du futur National Art Museum Of China : portrait de l’homme et de ce projet faramineux.

Le bâtiment de la fondation Cartier à Paris, la tour Agbar de Barcelone, le théâtre Guthrie de Minneapolis, l’étrange Dentsu Building de Tokyo ou encore le centre d’affaires Zlatý Anděl de Prague. L’architecte Français Jean Nouvel pourrait être à lui seul le thème d’un tour du monde.

Son œuvre sera aussi bientôt présente dans la ville de Pékin puisque l’homme a été sélectionné pour concevoir le futur musée national d’Art de Chine, le NAMOC. Vainqueur d’un concours opposant 7 équipes chinoises ainsi que 13 agences étrangères très réputées, il a séduit le jury grâce à son projet épuré tout en transparence.

Une entreprise colossale

NAMOC_02Destiné à être le plus grand musée jamais construit en Asie, tant sur sa taille que sur sa collection, l’enjeu était énorme. Afin de réunir les 100000 œuvres, datant de l’ère Ming à nos jours, le futur bâtiment mesurera plus de 200 mètres de long pour une superficie au sol de 130.000 m2

Implanté au cœur du nouveau quartier des musées au nord de Pékin, son design a été pensé afin de s’intégrer au mieux dans l’environnement qui l’entoure. L’architecte s’est notamment inspiré de l’art calligraphique chinois, en proposant un édifice à l’esthétisme très différent selon l’angle d’observation.

Il s’explique : ‘‘ Le NAMOC s’inscrit dans l’espace comme un fragment d’idéogramme qu’un artiste aurait longuement travaillé pour lui donner tout à la fois cette impression de maitrise et de volontaire inachèvement : il s’impose en se décollant du sol, il s’inscrit dans le ciel’’

Un musée aux mille facettes

NAMOC03Le résultat se définira donc par ses nombreux contrastes et oppositions. En se concentrant sur 3 matériaux très distincts (le métal, la pierre et le verre), Jean Nouvel souhaite que les visiteurs se sentent tantôt en montagne, tantôt en ville, tantôt dans les nuages.

Ainsi, si la façade nord se veut poreuse avec son ‘‘effet pierre’’ et laisse entrevoir une serre intérieure, la façade ouest quant à elle reflète le paysage qui lui fait face. Quant au sud de l’édifice, en direction du stade olympique, les visiteurs trouveront une petite colline artificielle sur laquelle flotteront au vent pas moins de 153 drapeaux rouges.

A l’intérieur du musée aussi, les idées s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Sous le bâtiment, un hall d’hiver souterrain sera éclairé par un immense puits de lumière en forme de cône inversé traversant l’ensemble de la structure. Les visiteurs trouveront aussi un jardin aux couleurs changeantes selon les saisons conçut par le paysagiste Gilles Clément ainsi qu’un hall d’été coiffé d’une voute en or.

Jean Nouvel : ses débuts comme architecte

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Jean Nouvel en 1985.

Les études de conception, réalisées en partenariat avec le Beijing Institute Architecture Design, ont démarré courant septembre et devraient durer environ un an et demi. Il faudra ensuite compter plus de deux ans de travaux, estimant ainsi la livraison du musée courant 2018. Un travail donc colossal pour l’architecte français à tête chauve, qui finalise en parallèle la Philharmonie de Paris et le Louvre Abu Dhabi, dont les inaugurations sont prévues pour 2015. Mais à 69 ans, l’homme n’en n’est plus à ses débuts.

Né en le Lot-et-Garonne de parents enseignants, il grandit en Aquitaine, dans la ville de Sarlat, réputée pour son architecture médiévale. Souhaitant embrasser une carrière de peintre depuis son adolescence, ce sont ses parents qui l’orientent vers l’architecture, l’inscrivant dans ce cursus à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux. En 1966, alors âgé de 21 ans, il sort premier du concours d’entrée de la prestigieuse Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dont il sort diplômé en 1972.

‘‘Mars 1976’’ : la révolution de Jean Nouvel

Malgré ce parcours exemplaire, Jean ne se reconnaît dans ce milieu qu’il trouve rigide et obsolète. Il rêve de révolution. L’architecte fonde quelques années plus tard le mouvement ‘‘Mars 1976’’ qui milite pour un renouveau de l’architecture en France. Plus concrètement, le mouvement s’oppose à l’héritage de ‘‘La Charte D’Athènes’’, un document rédigé en 1933 par Le Corbusier, détaillant en 95 points les règles d’urbanisme à respecter sur le thème ‘‘Une ville fonctionnelle’’.

Entouré de confrères partageant ses idées, Jean Nouvel participe alors à la création du syndicat de l’Architecture, s’opposant à l’Ordre des architectes, une institution de droit privé chargée de missions de service public, sous la tutelle du ministère de la Culture.

En route vers une renommé Internationale :

Devenu le symbole d’une nouvelle génération d’architectes, il est choisi à plusieurs reprises dans les années 1980 et 1990 pour de prestigieux projets inscrit dans la politique de rénovation des espaces culturelles de Mitterrand. Il signe par exemple la bâtisse de l’Institut du monde arabe de Paris, la rénovation de l’opéra de Lyon et surtout la fondation Cartier, un immeuble tout en transparence, où l’homme impose définitivement son style.

Ses œuvres sont reconnaissables par leur pureté, leur jeu de lumière et leur utilisation particulière du métal et du verre. Suite à son impressionnant travail sur le palais de la Culture et des Congrès de Lucerne en 1999, sa renommée internationale explose. Il travaille alors dans toute l’Europe, notamment sur l’extension du musée Renia Sofia à Madrid, mais aussi en Asie, en Australie et aux Etats-Unis.

Durant ces années, il recevra plus d’une trentaine de prix, en France comme à l’étranger : chevalier de l’ordre du Mérite (1987), la Légion d’honneur (2002) ou le prestigieux prix Pritzker (2008) considéré par la profession comme le prix Nobel de l’architecture.

Pour cette collaboration avec la Chine, le chemin fut semé d’embuche et de complications. Le concours de sélection datant de 2010, le projet est resté au point mort durant 4 ans, ou en tout cas sans information officielle. Selon les ateliers Jean Nouvel, l’entreprise peaufinait les détails avant de dévoiler publiquement les plans à l’occasion de la visite Mme Liu Yandong, vice-Premier ministre chinois en charge de la Culture, en France le 18 septembre dernier. Le coût du projet n’a quant à lui toujours pas été annoncé.