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Glowee, les océans au service de l’éclairage urbain

Et si, dans un futur proche, nos villes étaient en partie éclairées grâce à des bactéries issues de calamars ? Cette idée, pas si saugrenue qu’il n’y parait, est en passe de se voir réalisée par une start-up française fondée en 2014 par deux étudiantes en design. Devant imaginer un projet pour leur fin d’études, les deux jeunes femmes tombent par hasard sur un documentaire traitant des organismes bioluminescents. 90% des espèces marines, algues, crevettes, calamars et méduses, possèdent en effet un gène capable de produire de la lumière. Pourquoi, dès-lors, ne pas tenter d’isoler ce gène pour une utilisation fonctionnelle ?

Un éclairage venu des océans

Cultivées en laboratoire, les bactéries luminescentes sont placées dans une coque en résine organique, totalement malléable et personnalisable, que l’on applique sur la surface à éclairer. Transparentes le jour, ces coques émettent une lumière douce et tamisée dès la nuit tombée. Si les premiers essais se sont montrés concluants, il reste encore, selon Sandra Rey, de nombreux points à améliorer. La cofondatrice de Glowee se fixe comme objectifs, avant une commercialisation de son produit, une amélioration de l’intensité lumineuse, une meilleure adaptabilité aux températures extérieures, une extension de la palette de couleurs, et, enfin, une plus grande durée de vie. Au stade actuel des recherches, la luminescence ne dure qu’une soixantaine d’heures, mais cette dernière devrait, en 2017, dépasser les six mois d’autonomie.

Nombreuses utilisations possibles

Cette nouvelle forme d’éclairage présente de nombreux avantages. Produire de la lumière sans avoir recours à une source électrique rend la solution à la fois économique et respectueuse de l’environnement. La start-up table sur une implantation citadine, l’éclairage urbain étant la dépense numéro un des municipalités. Pas question de remplacer les lampadaires, pour cause d’intensité lumineuse trop faible, mais les panneaux de signalisation, le mobilier urbain, les façades de monuments historiques et surtout les vitrines pourraient bénéficier du procédé. Les commerçants pourraient en effet se montrer très intéressés par une mise en valeur de leurs devantures, puisque le système élaboré par Glowee respecte le décret de juillet 2013 régissant l’éclairage nocturne.

Un pari en partie remporté pour Glowee

bio éclairage vivantCe qui n’était au départ qu’un simple projet théorique a très vite suscité un vif engouement. Après avoir remporté le prix Artsciences en 2013 ayant pour thème la biologie synthétique, Glowee a pu bénéficier d’un apport de 110 000 dollars grâce à l’Elevator World Tour, qui s’est tenu en janvier 2015. L’équipe s’est ensuite étoffée et a pu acquérir du matériel en recourant au crowdfunding, dépassant ses objectifs pour atteindre la somme de 44 000 dollars. Ce sont désormais dix personnes qui composent la petite entreprise, et les progrès techniques enregistrés ces derniers mois laissent entrevoir un avenir radieux. D’ici trois ans, le chiffre d’affaires de Glowee devrait dépasser, selon ses dirigeants, les 10 millions d’euros.

La COP21 comme vitrine

Les medias se sont très vite intéressés au projet, lui donnant une visibilité et une légitimité inespérée. Une vingtaine de secteurs d’activité ont d’ores et déjà contacté l’entreprise, de la signalétique aux commerces, en passant par la création de bijoux, tant les champs d’application du procédé semblent vastes. La Cop21 a été l’occasion pour la start-up de démontrer son savoir-faire, certaines entreprises du CAC40 ayant décidé de faire appel à cette technologie afin d’éclairer leurs panneaux publicitaires. Si la faible durée de luminosité cantonne pour le moment Glowee au secteur de l’évènementiel, une nouvelle levée de fonds, prévue pour l’année prochaine et visant les 500 000 euros, devrait permettre à la jeune pousse de réaliser ses objectifs et de diversifier son offre.